Créée en 2015, et faisant partie de l’écosystème de la société ACRI, adwäisEO fournit des services informatiques et d’analyse liés aux données géospatiales en général et aux observations satellitaires de la Terre. Grâce à une expertise de pointe, elle travaille également dans le domaine de l’intelligence civile et militaire, l’exploration de mégadonnées et peut proposer des solutions performantes telles que des archives multi-pétaoctets, des Géoportails intuitifs et un traitement efficace des données dans un environnement cloud et/ou HPC. adwäisEO compte, entre autres clients, des agences spatiales (ESA, LSA), la Commission européenne ou encore des institutions publiques. Entretien avec François-Régis Martin-Lauzer, administrateur.
(Visite du 04 juillet 2025).
Il faut d’abord préciser que dans l’écosystème des startups luxembourgeoises, nous devons probablement compter parmi les plus grandes œuvrant dans le secteur du spatial et de la défense. C’est important de le souligner car nous n’avons pas les moyens d’une société comme Thalès ou SES, nous ne sommes pas subventionnés comme de gros acteurs dans ce domaine peuvent l’être et du coup, nous devons faire avec nos propres moyens pour nous développer. Et donc bien souvent, nous passons sous les radars vis-à-vis d’autres sociétés présentes sur le marché au Luxembourg, alors que nous sommes clairement la troisième capacité du Grand-Duché en termes de puissance de calcul (et la première société) et la première capacité de stockage et de distribution de données numériques. De plus, nous sommes bien positionnés sur tout ce qui touche au développement de modèles d’intelligence artificielle.
Actuellement, nos projets sont essentiellement tournés vers le secteur spatial public. Le cœur de notre métier est la gestion de données, le data as a service, c’est à dire la collecte, le traitement, la maintenance, le stockage, l’archivage et la distribution de ces données. Ainsi, nous gérons à Luxembourg toutes les données de télédétection spatiale de l’Agence spatiale européenne (ASE) et 90% des données spatiales du programme Copernicus, pour la Commission européenne.
Nous sommes extrêmement professionnels car notre entreprise est composée d’experts dans leur domaine qui peuvent être très réactifs et répondre rapidement aux « problèmes » sur les flux et les volumes importants de données. Nous sommes aussi très compétitifs quant aux prix.
Aujourd’hui, notre principale difficulté réside dans le fait que nous n’arrivons pas, malgré tout notre professionnalisme, à nous positionner sur la carte des acteurs dans nos domaines d’expertise.
Puis, comme beaucoup de sociétés au Grand-Duché, nous peinons à recruter dans certaines professions. Un exemple parlant ? Les informaticiens. Il en manque cruellement dans la Grande Région, et nous devons aller bien au-delà des frontières proches pour recruter de nouveaux talents. Sur la trentaine de personnes que compte notre entreprise actuellement, il y a 19 nationalités différentes représentées. Puis, le turnover est important. La concurrence est féroce dans notre domaine. Lorsque nous formons nos collaborateurs, ils nous quittent, disparaissent ensuite pour aller travailler dans un autre secteur.
Je suis devenu entrepreneur à l’âge de 52 ans, après une carrière où j’ai occupé des postes de cadre dirigeant à forte capacité créative dans des grands groupes internationaux et dans la fonction publique. En quelque sorte, je peux dire que je suis devenu entrepreneur par la force des choses et c’est peut-être ce qui fait que j’ai une vision différente d’un jeune qui se lancerait dans l’aventure entrepreneuriale. Pour moi, la base, c’est d’avoir des idées. Puis, nous avons pris le parti, avec mes associés, de réinvestir tous nos profits dans notre société. Nous ne bénéficions pas de levées de fonds, nous n’avons pas d’actionnaires, ni de dettes. Cela nous apporte une certaine assurance, sans pour autant être arrogants, et nous permet de garder les pieds sur terre!
Sans citer de noms, ce sont les grands patrons, les grands industriels des années 1950 et ceux que j’ai pu côtoyer au cours de ma carrière professionnelle. Ces hommes d’une extrême intelligence, ingénieurs, polytechniciens, qui étaient compétents, tant sur plan des ressources humaines, que techniquement, qui étaient professeurs émérites dans de grandes écoles, et qui ont su faire repartir la machine économique après la Deuxième Guerre mondiale.
Investir dans la formation de ses collaborateurs, pour faire progresser leurs compétences, consacrer du temps à les faire évoluer. Pour moi, c’est le meilleur des investissements.