À deux jours d’intervalle, les 25 et 27 novembre derniers, deux événements ont mis en lumière l’engagement du monde entrepreneurial à trouver des solutions innovantes aux défis environnementaux et climatiques. Tout au long de ces manifestations, des prises de parole porteuses d’espoir ont démontré que les entreprises pouvaient être une force motrice sur laquelle s’appuyer pour aller plus loin et plus vite sur les questions urgentes de notre planète malade.
Le 25 novembre, lors du Luxembourg Sustainability Forum d’IMS, les intervenants, dont certains connaissent particulièrement bien le sujet du dérèglement climatique et de ses conséquences – comme François Gemenne, expert en géopolitique de l’environnement, co-auteur du 6è rapport du GIEC et de l’Atlas de l’Anthropocène – ont été quasi unanimes à souligner un certain échec du politique sur les questions environnementales. Sous l’impulsion de certains leaders populistes du monde, la tendance serait même à un recul des préoccupations environnementales (le fameux Backlash) alors même que les manifestations d’une météo déboussolée se font de plus en plus fréquentes et violentes.
« Nos sociétés ont tout pour aller de l’avant : moyens, technologies et connaissances. »
[ François Gemenne ]
Mathieu Baudin, historien, futuriste et fondateur de l’Institut des Futurs souhaitables, a fait une mise au point salutaire en rappelant que l’avenir ne sera pas nécessairement sombre mais qu’il « sera ce que nous en ferons. » Il est également revenu sur la période des trente glorieuses, souvent citées comme le bon vieux temps mais « qui n’ont pas été glorieuses pour tout le monde car essentiellement tangibles en Europe et en Amérique du Nord et pas forcément pour toutes les couches sociales. Cette période est de toute façon révolue mais on ne sait pas encore très bien à quoi elle a laissé place, sinon à des années ‘rugueuses’. » Or, Mathieu Baudin affirme que l’Homme est capable de changer de système. Il en veut pour preuve l’abolition de l’esclavage, au début du 19è siècle, au sujet de laquelle beaucoup prédisaient qu’elle allait provoquer une crise économique profonde qui n’a pas eu lieu. « Aujourd’hui, c’est la nature que nous esclavagisons. On peut changer cela aussi ; mais pour y arriver il faut se projeter dans un futur positif. Dans celui où nous aurions réussi collectivement à changer de paradigme. » François Gemenne lui emboite le pas en affirmant que nos sociétés ont tout pour aller de l’avant : moyens, technologies et connaissances. Face au recul manifeste de l’intérêt de la sphère politique pour l’environnement, il clame sa confiance dans la volonté des citoyens et des entreprises à agir. Il verrait même d’un bon œil que ces dernières soient plus systématiquement associées aux grands rassemblements internationaux comme les COP, qui pourraient être repensées sous forme « de grandes foires commerciales de l’environnement », ceci avec l’objectif de redonner confiance dans le progrès et de reconnaître le rôle moteur des entreprises. Son regard s’est notamment porté sur le secteur financier qui détient en main les cartes du financement de la transition. Selon lui, ce mouvement devrait aller de pair avec une réflexion profonde sur les indicateurs à suivre pour mesurer la prospérité. Ceux-ci sont aujourd’hui essentiellement quantitatifs alors qu’il faudrait mesurer le « mieux » plutôt que le « plus ».

Nombreuses entreprises déjà sur le pont
Anne-Marie Loesch, Head of Sustainability & Business Development de la Chambre de Commerce a, pour sa part, clairement affirmé que la durabilité est un levier de développement économique et que les entreprises en sont de plus en plus conscientes. Celles-ci trouvent des solutions qui créent de la valeur, à condition que la durabilité soit intégrée au cœur même de leur modèle d’affaires. « Chaque entreprise est ainsi invitée à repenser son modèle et à embarquer ses collaborateurs et l’ensemble des acteurs de sa chaîne de valeurs dans cette dynamique, positive pour tous et pour la compétitivité ». Anne- Marie Loesch distingue trois types d’entreprises qui ont toute une partition à jouer : les grandes entreprises sont des locomotives qui ont la capacité d’inspirer tout l’écosystème en défrichant les aspects technologiques et réglementaires ; les PME ont moins de ressources mais sont agiles et elles peuvent en outre bénéficier au Luxembourg d’aides ciblées ; enfin les jeunes entreprises naissent désormais avec la conscience de leur impact et la volonté d’orienter celui-ci dans une direction durable.
La House of Sustainability à vos côtés
Que vous soyez une petite ou une grande entreprise, les thématiques et exigences de la durabilité prennent de plus en plus d’importance au sein de votre organisation. La House of Sustainability de la Chambre de Commerce sensibilise vos équipes, vous informe sur les règlementations actuelles et à venir, propose des programmes d’accompagnements individuels et collectifs autour des thématiques ESG (environnementales, sociales et de gouvernance), développe une offre de formation avec la House of Training et vous guide dans vos démarches de labellisation ESR via l’INDR. Au-delà de son offre de services directe, la House of Sustainability vous oriente vers les acteurs adéquats de l’écosystème selon vos besoins.
Pour se convaincre du fait que les entreprises sont déjà bien engagées sur la route de la transition, il suffit de considérer les exemples qui ont été présentés lors du Forum d’IMS et ceux, dans le secteur industriel qui ont remporté les Prix de l’Environnement 2025, décernés par la FEDIL le 27 novembre.
Enerdeal Luxembourg, basée à Windhof, leader en solutions solaires pour entreprises et grands projets immobiliers, installe ses panneaux solaires sur les sols, les toitures, les façades ou les carports, avec une offre qui va de l’ingénierie au financement. Ils ont ainsi aidé GRIDX, Goodyear, Streff, CERATIZIT, Luxlait, CEBI, le centre commercial Belval Plaza et bien d’autres à faire un pas vers la décarbonation de l’énergie nécessaire à leurs activités.
Composil, spécialiste de l’entretien des moquettes en milieu professionnel, a étendu son modèle d’affaire au recyclage et au réemploi. Ainsi, l’entreprise collecte les dalles usagées et les transforme en nouveau matériaux de qualité, utilisables pour de nouvelles surfaces. Le siège de l’entreprise à Schuttrange est équipé à 90% de matériaux de réemploi, y compris le mobilier.
Innpact, plateforme de fonds d’impact créée en 2007 à Hollerich fut la première société certifiée B Corp du Luxembourg. En moins de 20 ans, elle a créé 40 fonds, grâce à plus de 50 experts de la finance à impact qui ont permis de flécher 10 milliards de dollars vers plus de 200 projets. Les fonds créés s’attachent à financer des solutions pour l’océan, la reforestation, la sécurité alimentaire, les technologies de la santé, les énergies renouvelables, le support financier d’étudiants dans les pays émergents, la biodiversité etc.
TK Elevator, fabricant d’escalator et d’ascenseurs situé à Contern, a conçu une nouvelle génération d’ascenseurs plus légers, fabriqués à partir de matériaux recyclables et à l’aide d’énergie renouvelable, permettant une réduction de 18% de l’empreinte carbone par rapport à des ascenseurs classiques. TK Elevator agit également sur sa chaine de valeur en choisissant ses fournisseurs sur des critères ESG. 71% d’entre eux ont été évalués à ce jours.
Le secteur industriel porteur de solutions innovantes
Deux jours après le Forum d’IMS, la FEDIL a décerné ses Prix de l’Environnement 2025, distinguant quatre solutions innovantes, représentant des progrès majeur de durabilité.
Carrières Feidt, entreprise familiale qui exploite six carrières au Luxembourg (pierres, graviers, sables) mène une démarche de renaturation de ses sites après leur exploitation, restituant ainsi à la nature les parcelles empruntées et favorisant la biodiversité animale et végétale. Les parcelles sont reboisées, des zones humides et des haies sont aménagées, des espèces animales sont réintroduites ou y reviennent naturellement et le tout constitue un bel héritage pour le futur.
Paul Wurth, fournisseur historique d’équipements de productions pour l’industrie métallurgique, a mis au point une solution, EASyMelt, contribuant à la décarbonation de ce secteur responsable de 7 à 9 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). La technologie consiste à convertir les gaz résiduels des aciéries en gaz de synthèse, combustible plus propre pouvant être utilisé dans la fabrication de la fonte. Cette technologie ne nécessite pas de remplacer les hauts fourneaux existants mais elle les modernise et permet une réduction de GES de l’ordre de 50 à 70 %.
Dans le même secteur, ArcelorMital a été récompensé pour son acier bas carbone, le XCarb, produit depuis 2021 grâce au recyclage de la mitraille d’acier dans des fours à arc électrique, approvisionnés en énergie de sources renouvelables. Ceci permet une baisse des émissions de 40 % par rapport aux fours électriques alimentés en électricité classique (de sources fossiles) et de 90 % par rapport aux hauts fourneaux traditionnels.
Enfin, Husky technologies, fabricant d’emballages pour boissons, a elle aussi été primée pour un produit innovant, le PET Closure, soit un bouchon en PET permettant de proposer des bouteilles monomatières au poids réduit, entièrement et facilement recyclables, qui ne nécessitent plus de séparer bouchon et corps de bouteille lors du tri.





